Face aux freins des achats publics
Qu’il est difficile de faire changer les mentalités dans les cercles décisionnaires des achats publics. En 2021, Urbanéo – PME des Hauts-de-France spécialisée dans le mobilier urbain non publicitaire – présente une offre EFC dans le cadre d’un marché public de poteaux d’arrêt de bus pour la région Hauts-de-France, en vain.
L’EFC et les achats durables
La commande publique devrait pourtant constituer un levier considérable pour le développement d’une offre économiquement innovante. De nombreux dispositifs encouragent la mise en œuvre de l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération, notamment en région Hauts de France avec Rev3, le Club Noé, l’ADEME… Urbanéo expérimente sur le territoire des Hauts-de-France un véritable décalage entre la volonté politique de promouvoir l’EFC dans le cadre de REV3, et la réalité des achats publics qui ne prennent pas en considération des critères comme le coût global sur la durée de vie des mobiliers ou encore les emplois locaux générés par une offre servicielle.
Le principe de l’EFC est d’inciter à s’interroger sur les usages et les attentes des parties prenantes, et à développer une offre servicielle au détriment d’une offre majoritairement matérielle. Le raisonnement en prix laisse place au raisonnement en coût global, invitant les acheteurs publics et les responsables de la mobilité à passer d’une logique de quantité à une logique de qualité de services. L’offre Urbanéo est un engagement de performance avec une proposition de mobiliers éco-conçus, un allongement de la durée de vie des mobiliers, une valorisation des mobiliers impliquant réparation, réutilisation et recyclage, des services associés d’entretien / maintenance avec des emplois locaux …
Pourquoi l’EFC peine à s’imposer ?
C’est chose incongrue pour une PME des Hauts de France de réussir à se développer grâce à son offre EFC auprès d’autres régions que celle où elle est implantée. D’autant plus que c’est la région Hauts-de-France qui est à l’initiative de l’EFC. La méconnaissance de l’économie de la fonctionnalité par les acheteurs publics et les responsables mobilités prouve que les modèles économiques de rupture ont encore beaucoup de chemin à parcourir en termes d’acculturation. Certains freins doivent encore être levés notamment la peur du contentieux, la capacité à changer de pratiques, le manque de connaissance EFC… Le soutien des élus et de la hiérarchie devrait aider les acheteurs publics et les responsables mobilités à comprendre et accepter le risque de changer de modèle. En effet, chacun sait que les acheteurs publics ne peuvent décider seuls de la réalisation d’un marché et de l’acte d’achat. Il est essentiel que le projet bénéficie d’une validation et d’un portage à la fois politique et hiérarchique.
Quoiqu’il en soit, Urbanéo poursuit ses actions de sensibilisation à l’EFC en s’appuyant sur les réussites des marchés en cours afin que clients et élus puissent s’approprier et imaginer des applications concrètes au sein de leurs collectivités. Mais aujourd’hui, la déception est immense d’avoir raté ce rendez-vous avec la Région Hauts de France.
À lire
L’ADEME publie des recommandations et un guide méthodologique à destination des acheteurs publics : Intégrer l’Économie de la Fonctionnalité dans la commande publique – 06/2021
Le modèle Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération (EFC) Urbanéo a encore du chemin à parcourir avant que achats publics et politiques s’approprient les bienfaits d’un tel modèle.